Ce qu’il convient de faire pendant les différentes périodes sensibles du développement d’un chiot

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Sommaire

  • Qu’est-ce qu’une période dite « sensible » ?
  • Ce qu’il faut faire pendant la période prénatale
  • Ce qu’il faut faire pendant la période néonatale
  • Ce qu’il faut faire pendant la période transition
  • Ce qu’il faut faire pendant la période socialisation
  • Ce qu’il faut faire pendant la période juvénile
  • Ce qu’il faut faire pendant la période pubertaire
  • Résumé

J’ai adopté ma chienne Heidie en 2017 à la SPA des chiens en liberté, elle avait 2 ans. La seule information dont je disposais est qu’elle a été retirée de la garde de propriétaires négligents sur décision de justice.

Je n’ai donc pas eu la chance de pouvoir l’accompagner pendant les périodes sensibles de son développement.

Néanmoins le fait de connaitre les étapes cruciales de l’évolution d’un chiot m’a permis de mieux appréhender certaines de ses réactions et d’adapter mes attentes.
Voir l’article sur Les étapes du développement comportemental du chiot
De plus, avant de l’adopter, j’ai pris le temps de la rencontrer, d’apprendre à la connaitre, et de tester certains de ces comportements.

1) Qu’est-ce qu’une période dite « sensible »

Une période sensible correspond à un processus de maturation au cours duquel les situations vécues par le chiot auront des effets sur le long terme. A l’instar d’un jeune enfant, il est plus perméable aux apprentissages et les connaissances qui en découlent sont mémorisées durablement, que les expériences soient positives ou négatives.

La génétique ne faisant pas tout, et c’est tant mieux dans certains cas, il est donc crucial d’offrir à son chiot un environnement adapté à son âge à la fois stimulant, sécurisant et bienveillant au cours de l’ensemble de ces phases.
Dans le cas d’Heidie, même si nous avons fait ce qu’il faut pour lui donner confiance en privilégiant les interactions positives et en avançant à son rythme, sa douceur naturelle, sa patience, sa sociabilité et sa gentillesse font partie de son tempérament.

2) Ce qu’il faut faire pendant la période prénatale

In utero, les chiots peuvent ressentir les palpations effectuées sur le ventre de leur mère.
Ils vont donc pouvoir faire des associations positives entre le fait de caresser la chienne, si tant est que cette dernière soit consentante et apprécie ce contact et les hormones de bien être qu’elle va sécréter. Ces hormones vont être détectées par les chiots leur permettant de se sentir également relaxés.

Ainsi, il est capital d’offrir à la chienne gestante un environnement calme et bienveillant adapté à son caractère pour ne pas générer de stress. Si la mère est anxieuse, stressée, mal à l’aise, elle sécrétera du cortisol, aussi appelée « hormone du stress ». A l’inverse, si elle éprouve un sentiment de bien être au contact de la main humaine, son organisme produira entre autres, de la mélatonine favorisant son endormissement et de l’ocytocine qui est l’hormone « de l’amour et l’attachement ».
Depuis le ventre de leur mère les chiots vont détecter la production des hormones maternelle et cela aura un impact sur leur ressenti. Ainsi un état de stress chronique, d’anxiété ou de mal être constant entraînera forcément des conséquences sur le développement de ses petits. Le stress prénatal peut donner lieu à des peurs, une réduction des capacités d’apprentissage et des difficultés à s’adapter aux changements d’environnement.

Je ne saurai jamais si son caractère doux et affectueux est purement génétique (lignée de chiens affectueux), s’il est dû à sa capacité de résilience ou si pendant sa gestation sa mère a eu la chance d’être choyée.

Sachez qu’en caressant un animal de compagnie, consentent bien sûr, votre corps aussi sécrète de l’ocytocine au détriment du cortisol, ce qui contribue à nous rendre plus détendu, plus serein, et donc plus heureux. Cette interaction hormonale est connue sous le nom de cycle positif de l’ocytocine. Vous avez tout à y gagner 😊
Pendant cette phase, l’odorat des chiots est déjà fonctionnel. Des études ont montré que les chiots reconnaissent dès leur naissance, l’odeur d’un aliment spécifique donné à sa mère pendant la gestation. Si l’on destine un chien à un travail de recherche (ex chien truffier) cette notion est intéressante à connaitre.

3) Ce qu’il faut faire pendant la période néonatale

Pendant cette période le chiot est sourd et aveugle, il passe 95% de son temps à dormir. Les interactions se limitent donc à ce qu’il sent et ce qu’il ressent (chaud, froid, douleur, bienêtre). il est important de continuer à l’habituer à la présence humaine. Il appréciera d’autant plus les caresses que, dans le ventre de sa mère, il a ressenti que cette dernière les trouvaient agréables.

Peu à peu il saura reconnaitre l’odeur des humains qui prennent soin de lui, mais également celles des aliments que sa mère a mangé pendant la gestation. Il convient donc, si l’on veut travailler l’odorat d’un futur chien de recherche, poursuive l’apprentissage en donnant à la mère des saveurs spécifiques qui seront perçues par le chiot pendant la tétée. Evidemment on ne donne pas de cocaïne à la mère pour en faire un chien de renifleur de stupéfiants…

4) Ce qu’il faut faire pendant la période de transition

Cette période quoique courte, est importante car le chiot va commencer à appréhender son milieu. Il faut donc stimuler ses sens (bruits, odeurs, textures, contacts sociaux humains ou animaux). Cependant, il faut veiller à ne pas le sur-stimuler et avancer à son rythme, lui laissant la possibilité d’assimiler les nouvelles connaissances. Il est impératif que toutes ces expériences soient positives (caresses, récompenses, félicitations avec une voix aigüe, jeux…).

5) Ce qu’il faut faire pendant la période de socialisation

Il est possible à cet âge de débuter l’éducation, mais le plus important est de nouer une relation de confiance avec le chiot pour créer un lien d’attachement. Les protocoles d’éducation devront donc être basés sur le jeu et les séances seront courtes.

Compte tenu de la plasticité cérébrale du chiot au cours de cette période, et plus spécifiquement pendant la phase attractive il est capital de lui présenter, dans un contexte sécurisant et bienveillant, différentes situations aussi proches que possible de celles qu’il rencontrera dans sa vie d’adulte.

Pendant la phase attractive il faudrait :

  • l’habituer aux bruits (des voitures, du marché, …)
  • faire en sorte qu’il rencontre d’autres chiens (calmes et bien codés), de nouvelles espèces qu’il pourra catégoriser comme « espèces amies » (chats, lapins, chevaux…)
  • lui faire rencontrer les types de personnes qu’il sera amené à côtoyer (enfant, adolescents, personnes âgées…)
  • l’habituer aux objets insolites (parapluie, casquettes, cannes, engins roulants avec et sans moteur…)
  • lui apprendre à rester calme dans différents lieux (voiture, transports en commun, terrasses de cafés, file d’attente…)
  • qu’il apprenne à porter un harnais et une laisse
  • qu’il ne craigne pas les bruits de la maison (appareils électro ménagers, téléphone, sons du téléviseur, interphone, éclats de voix, chahut…)
  • qu’il soit manipulé régulièrement sans geste brusque (massages, brossages, palpations…). Ces attentions permettront de faciliter les soins médicaux dont il pourrait avoir besoin plus tard.

Comme toujours il faut doser les stimuli en s’adaptant aux réactions du chiot et associer tous les nouveaux apprentissages à un élément positif pour lui (caresses, friandises, jeux…). Il ne faut pas forcer les interactions, mais attendre qu’il y aille de lui-même. En le confrontant à des situations qui le mettraient mal à l’aise, il aura plus de risque de développer des comportements de méfiance, de peur pouvant donner lieu à de l’agressivité une fois devenu adulte. De la même manière que l’on ne pousse pas un enfant dans une piscine s’il a peur de l’eau, on ne jette pas son chiot à l’eau si c’est la première fois et ce même s’il sait nager.

Même si cette période facilite l’acquisition de nouveaux apprentissages, ces derniers seront possibles ultérieurement, mais seront plus lents et dépendront du seuil d’homéostasie sensorielle qu’il aura développé pendant la socialisation.

6) Ce qu’il faut faire pendant la période juvénile

Lorsque les conditions de d’élevage sont idéales, c’est la période à privilégier pour l’adoption car elle voit apparaitre le détachement réciproque de la mère et ses chiots pour permettre la création de nouveaux liens d’attachement (attachement secondaire).

Au cours de cette phase il convient de commencer à travailler la frustration, cela lui permettra de se canaliser et de prévenir les problèmes de comportement à l’âge adulte (malpropreté, destructions, conflits, incapacité à rester seul, vocalises…).
Cet apprentissage bienveillant et quotidien est essentiel au bon développement émotionnel du jeune chien. Il faut débuter par des petits exercices faciles comme lui apprendre « tu restes », ou encore « tu attends ».

Ces consignes seront utiles pour travailler les auto-contrôles et garantir sa sécurité.
Cela peut être travaillé au moment des repas pour qu’il ne se jette pas sur sa gamelle, pendant les sorties pour l’empêcher de se précipiter sur la route en ouvrant le portail ou la portière et au cours de balades pour éviter qu’il fonce sur un chien inconnu…

7) Ce qu’il faut faire pendant la période pubertaire

Ah l’adolescence, ça vous rappelle quelque chose ? Et bien chez le chiot c’est pareil, les écrans en moins… Quoique.

Tout d’abord il faut garder en tête qu’une régression des apprentissages peut apparaitre.

A l’instar de nos chers ado qu’il faut appeler 10 fois avant qu’ils ne daignent venir à table, le jeune chien peut ne plus revenir rapidement au son de votre voix. Il ne fait pas exprès de vous ignorer, c’est simplement qu’il ne vous entend pas , il est concentré sur autre chose et ne sait pas faire deux choses à la fois… cela me rappelle quelqu’un 😉

Tous ses sens sont en émois et il est accaparé par toutes les nouvelles odeurs qu’il ne percevait pas lorsqu’il était impubère. Il est inutile de le punir ou de sévir, il faut au contraire le récompenser dès qu’il revient en renforçant positivement ce choix, et ce même si cela fait 30min que vous vous égosillez.

Le fait qu’il choisisse de revenir vers vous malgré tous ces stimuli alléchants est une marque d’attachement et de confiance. S’il est grondé lorsqu’il revient par ce qu’il n’a pas obéi du premier coup risque de le perturber.

En effet, tout d’abord il ne comprendra pas pourquoi il reçoit cet accueil alors qu’il est revenu vers vous mais plus grave cela risque d’engendrer de la méfiance à votre encontre. Il va assimiler le fait de revenir au pied à une punition. Ce n’est, à mon sens, pas le meilleur moyen pour consolider le lien.

Dans un environnement sécurisé, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de danger immédiat, je privilégie « le suivi naturel » aux appels répétés avec un ton de plus en plus agacé. Le chien est sensible au ton de votre voix, donc si vous dites « allez on y va ! » d’une voix enjouée en vous éloignant, vous lui donnez envie de vous suivre. En vous voyant partir, si le lien est déjà établi, il finira pour vous rejoindre.

De plus, dites-vous que lorsqu’il renifle ce qui passe à la portée de sa truffe, il est stimulé intellectuellement. Il analyse, interprète et enregistre de nouvelles informations. En sentant le marquage urinaire d’un congénère, il peut en déduire à quel moment l’individu est passé, quel est son âge, son sexe, s’il est malade ou pas et l’état de son cycle de reproduction, C’est un peu comme s’il lisait des textos envoyés par des potes. Il convient donc de le laisser faire, de ne pas tirer sur la laisse et d’attendre qu’il passe à autre chose.

Imaginez la réaction de l’ado à qu’il l’on arrache un écran en pleine action.
Il est utile de poursuivre l’éducation déjà amorcée en adoptant les mêmes règles bienveillantes et respectueuses. Ce mode d’éducation positif permettra de consolider le lien du binôme chien/humain.
La gestion de la frustration devra également être poursuivie en augmentant progressivement la durée et la difficulté des exercices (le travail du refus d’appâts, le fait de rester assis alors qu’il n’a qu’une envie c’est d’aller jouer avec ses potes, attendre pour manger, stopper une interaction…).

Enfin, il est important qu’il soit en présence d’adultes bien équilibrés pour qu’il puisse poursuivre son apprentissage des codes sociaux. Les rencontres avec les congénères doivent être encouragées avec des individus sociaux pour éviter les mauvaises associations.

Pendant cette phase il faut redoubler de patience, dites-vous que lorsque ce chamboulement hormonal se sera équilibré tous ses apprentissages seront consolidés.

En résumé

En fonction du niveau de sollicitation quotidienne qu’ils ont avec leurs humains et du lien de confiance et d’attachement que le binôme a créé, les chiens peuvent assimiler de 20 plus de 100 mots. Cependant à l’instar de l’espèce humaine, certains individus explosent les statistiques, puisque l’on a pu voir des chiens ayant appris plus de 1000 mots, des HPI quoi…

C’est le cas par exemple de Chaser le border collie.

Je ne pense pas qu’il y ait de races plus intelligentes que d’autres. Les variations dans le niveau d’apprentissage sont dues au tempérament (actif ou plus pépère), aux prédispositions génétiques (chien de travail vs chien d’agrément) et surtout à l’environnement dans lequel le chien a évolué.