L’adoption d’un chien dans un refuge

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Sommaire

  • Faut-il privilégier l’achat dans un élevage ou l’adoption en refuge ?
  • Pourquoi privilégier l’adoption d’un chien en refuge ?
  • Ce qu’il faut avoir en tête en adoptant un chien dans un refuge
  • Conseils avant d’adopter un chien de refuge
  • Pour conclure
  • Pour en savoir plus

Faut-il privilégier l’achat d’un chiot dans un élevage ou l’adoption d’un chien en refuge ?

Il n’y a pas de réponse toute faite. Quelle que soit l’origine du chien, l’important est de faire un choix éclairé, murement réfléchi, de lui garantir un environnement adéquat et de lui consacrer suffisamment de temps quotidiennement. En effet, adopter un chien est un engagement sur plusieurs années, cette décision ne peut donc pas être prise à la légère.

Dans le cas d’un chiot, il est nécessaire de comprendre les étapes de son développement cognitif duquel découle l’éducation en fonction des phases de sa croissance.

En ce qui concerne un chien adopté en refuge, il faut envisager la possibilité de devoir le rééduquer.

Tous les chiens qui se retrouvent dans ces structures n’ont pas forcément été maltraités, abandonnés ou délaissés. Certains y ont été déposés par ce que leur humain n’est plus en mesure de s’occuper d’eux (hospitalisation, décès, maison de retraite, allergies, changement de situation…), d’autres ont été perdus, volés… Il est donc tout à fait possible d’adopter un chien de refuge qui ait pu déjà connaitre la chaleur d’un foyer aimant.

Le travail à faire sur ce type de chien sera, dans certains cas, moins compliqué et le lien d’attachement pourra se recréer plus rapidement.

Cependant, il ne comprendra jamais pourquoi il ne peut plus vivre avec son humain qui pourtant lui montrait des marques d’attention. Il ne comprendra pas non plus pourquoi on l’a arraché à son environnement pour le contraindre, tout à coup, à vivre dans un espace confiné, entouré de voisins souvent bruyants et excités.

Il peut ne jamais s’adapter à la vie en collectivité et en fonction du temps qu’il y aura passé, il peut développer des troubles comportementaux qu’il n’avait pas avant.
Ainsi, malgré le professionnalisme et la bienveillance dont les soigneurs font preuve, dans la plupart des refuges, il faudra prendre en compte le traumatisme de cette soudaine séparation pour comprendre certains de ses comportements.

Mais le chien est un animal résilient, il n’est pas rancunier, avec de la patience et de l’amour il est tout à fait possible de lui faire oublier cette mauvaise expérience.
J’ai récupéré ma chienne Heidie à 2ans auprès de la SPA des chiens en liberté. La seule information dont je disposais était que les propriétaires précédents étaient négligents et qu’ils n’avaient plus le droit de posséder un animal de compagnie.
Avec du temps, de la douceur, de la patience et de l’empathie, j’ai réussi à lui faire oublier la plupart de ses vieux démons.

Dès le début j’ai pu remarquer qu’elle avait une réaction de recul à la vue du harnais. Au bout de 6 ans, même si elle a pu faire l’association positive « harnais = grandes sorties en nature », elle montre toujours une aversion à l’idée de le sentir passer autour de son cou. Elle émet un certain nombre de signaux d’apaisement : elle recule, tourne la tête, se lèche les babines, fait de grands cercles autour de moi… En revanche, si je l’équipe lorsque l’on est déjà sur le lieu de balade elle est plus détendue et accepte que je lui mette le harnais sans émettre aucun signal de mal être.

Par hasard, j’ai appris récemment qu’elle avait passé les deux premières années de sa vie attachée dans une cour à vivre dans ses excréments. Elle a donc associé sans doute pour le restant de ses jours, le fait d’être attachée sur son lieu de vie à une source de souffrance. Je n’arriverai probablement jamais à changer ce schéma de pensée, je dois donc m’y adapter pour la confronter le moins possible à ce souvenir malheureux. Néanmoins, même si elle n’a pas été caressée pendant ses deux premières années, elle est très sociable et affectueuse, recherchant constamment la main de l’homme. Nous avons eu de la chance car chez d’autres chiens, ce déficit peut avoir pour conséquence un comportement de méfiance vis-à-vis de l’Homme, voire de peur pouvant conduire à de l’agressivité. Comme pour nous, les carences affectives à des périodes cruciales de notre développement ont des conséquences sur notre vie d’adulte.

Pourquoi privilégier l’adoption d’un chien en refuge ?

Les 10 raisons qui peuvent vous convaincre :

1) L’engagement pour la cause animale : avoir l’opportunité de lui offrir une meilleure vie en lui donnant une nouvelle chance d’être heureux

2) L’engagement sociétal : œuvrer concrètement pour soulager les refuges trop souvent débordés. En adoptant un chien, vous permettez au refuge d’en recueillir un nouveau qui pourra peut-être lui aussi connaitre cette issue heureuse.

3) L’éthique : militer contre la marchandisation des animaux, la sélection génétique de certaines caractéristiques physiques pouvant conduire à des malformations, des maladies, des dégénérescences, des troubles comportementaux…

4) La liberté : de craquer sur un chien quelle que soit son âge, sa race, sa taille. Les refuges offrent un vaste choix d’animaux, si l’on n’a pas en tête un type de chien bien précis, dans le lot, il y en a bien un qui sera votre compagnon idéal. Néanmoins, compte tenu du nombre d’animaux disponibles et malheureusement des arrivages constants, il est possible de trouver un chien de race, ou un chiot. De plus, il est possible de rendre visite au chien que vous aurez choisi autant de fois que vous le souhaitez, ce qui est fortement conseillé pour vérifier les ententes.

5) Les conseils personnalisés et le suivi sanitaire régulier : Tous les chiens de refuge sont suivis régulièrement par un vétérinaire et il arrive que certains centres aient un partenariat avec des éducateurs. Avant de mettre un chien à l’adoption son état de santé et son degré de socialisation sont évalués. Le personnel pourra vous donner des conseils et des informations précis et spécifiques sur leur caractère, leurs ententes, leurs compatibilités et leurs besoins.

6) Adopter un chien déjà adulte : son développement étant terminé il est possible de se rendre compte des carences qu’il faudra combler. De plus, certaines notions éducatives ont pu déjà être acquises (en fonction de leur histoire passée). Dans la plupart des cas ils sont propres puisqu’en refuge les chiens sont habitués à faire leurs besoins à l’extérieur. Il faut garder en tête que le comportement d’un chien lorsqu’il est entouré de congénères qui aboient ne sera pas le même une fois tranquille et à l’abri dans son panier. Mais on peut considérer qu’un chien doux et affectueux dans ces conditions ne deviendra sans doute pas solitaire et hargneux dans un foyer aimant et respectueux de son bienêtre. A l’inverse, un chien speed et bruyant dans cet environnement pourra se révéler calme et attentif une fois qu’il aura été rassuré.

De plus, la raison de sa présence en refuge n’est pas forcément lié à son caractère compliqué, son comportement, son état de santé… En effet, il n’est pas rare que les raisons soient imputables à l’ancien propriétaire : problèmes d’argent, manque de temps, maladie ou disparition, changement de situation personnelle, arrivée d’un enfant, déclenchement d’allergies, absence de contraception impliquant des portées non désirées…

Enfin, ayant fini sa croissance, vous n’aurez pas de surprise. Hormis le poids et la qualité de son poil, vous aurez dès le premier jour la version définitive.

7) Les « bâtards » sont plus résistants : Nonobstant les conditions de vie précédentes et les possibles cas de consanguinité, les croisements aléatoires permettent de garantir une richesse et une variété du sang et ainsi, faire émerger des spécimens de plus en plus résistants.

8) Le coût d’une adoption en refuge s’élève à quelques centaines d’euros au maximum (le prix est inversement proportionnel à l’âge du chien), contre plusieurs milliers pour certaines races d’élevage. Cette somme est un dédommagement pour les frais engagés (stérilisation, nourriture, identification, déparasitage…) permettant de garantir la pérennité de l’action du refuge. De plus le fait de payer pour l’adoption est une forme d’engagement. Les soins apportés par le refuge vous permettront d’éviter des frais supplémentaires au moment de l’adoption. Néanmoins la vaccination et le traitement antiparasitaire nécessitent des rappels plus ou moins fréquents en fonction de l’âge de l’animal et devront se poursuivre tout au long de sa vie.

9) La reconnaissance : Par nature l’Homme aime donner à condition de recevoir en retour. En adoptant un chien abandonné, vous serez récompensés grâce à l’amour inconditionnel qu’il vous témoignera. Ce chien, que la vie n’a pas épargné, sera conscient de la seconde chance qui lui est offerte et saura vous témoigner sa gratitude.

10) Témoigner en faveur de l’adoption : En adoptant un chien de refuge vous agirez, tel un ambassadeur de l’adoption. Il ne se passe pas une journée sans qu’une personne ne s’extasie sur le comportement de Heidie, et invariablement j’explique fièrement son histoire et les peurs qu’elle a su surmonter. Il arrive encore malheureusement trop fréquemment que les personnes soient surprises à l’idée qu’un chien de refuge puisse être aussi sociable et obéissant (mouais, ils ne l’ont pas vue partir derrière un lièvre 😊. Personne n’est parfait, même pas Heidie et les prédispositions de la race ne se négocient pas, mais ça c’est une autre histoire). En voyant notre complicité et notre lien indéfectible, je me dis que j’ai peut-être contribué à changer leur regard sur les chiens de refuge.

Ce qu’il faut avoir en tête en adoptant un chien dans un refuge

Quel que soit son âge, si le chien présente certains problèmes de comportement, il faudra lui consacrer du temps et beaucoup de patience.

En adoptant un chien adulte, il n’est pas toujours possible d’avoir des informations précises sur son âge, et son espérance de vie peut s’en trouver plus ou moins réduite.
Compte tenu de ces conditions de vie précédentes, les carences dont il a pu souffrir peuvent, dans le temps affecter son état de santé et donc sa longévité.

Le personnel ne sera pas toujours en mesure de vous donner des informations précises sur le passé du chien et vous pouvez vous rendre compte qu’une situation non expérimentée au cours de son passage en refuge, pourra donner lieu à un comportement indésirable.

Ces chiens étant généralement stérilisés, il n’est pas possible d’avoir de descendance.

Conseils avant d’adopter un chien de refuge

1) S’assurer que le refuge offre les meilleures conditions de vie

  • Des enclos propres et des zones abritées où les chiens peuvent dormir
  • Des espaces verts dans lesquels les animaux peuvent se défouler
  • De l’eau propre et à volonté
  • Un personnel compétent et bienveillant
  • Du matériel conforme à la législation (pas de collier étrangleur)

2) Aller le voir plusieurs fois

Afin d’apprendre à le connaitre il faut prendre le temps de le rencontrer. Pour bien faire il faudrait aller le voir plusieurs fois et le balader. Les promenades peuvent vous donner certaines indications : Est-ce qu’il craint de sortir de son enclos, est ce qu’il a l’air inquiet, aux aguets, en hyper vigilance, est ce qu’il tire sur sa laisse, est ce qu’il évite le contact, est qu’il se déchaine en passant devant les congénères, est ce qu’il monte en frustration si vous vous arrêtez, est ce qu’il est brusque…

Gardez à l’esprit que certaines attitudes sont conditionnées par son environnement (manque d’activité, promiscuité, bruits…) et que cela ne reflète pas forcément l’état dans lequel il sera lorsqu’il sera chez vous.

Dans le cas de Heidie, il n’y a pas eu beaucoup de changements : en balade elle tirait pas mal (elle tire toujours un peu), elle ne s’intéressait pas aux autres chiens en cage (désormais elle va leur dire bonjour puis passe son chemin), elle recherchait le contact de ma main dès que je m’arrêtais (ce qui est toujours le cas) et elle ne « pleurait » pas dès que nous n’étions pas en mouvement (elle peut rester tranquille très longtemps si l’on fait une pause).

3) Questionner le personnel du refuge

Il est capital pour adapter son éducation d’essayer d’obtenir un maximum d’informations sur va vie antérieure, son comportement depuis qu’il est arrivé, ses peurs, ses ententes avec ses compagnons, sa compatibilité avec les autres espèces, l’environnement qui le conviendrait le mieux.

Il convient également de se renseigner sur son type et son rythme d’alimentation et le poursuivre à la maison. Si vous souhaitez par la suite le modifier il faudra le faire en effectuant une transition progressive.

4) Vérifier sa sociabilité

En allant le voir plusieurs fois, vous pourrez lui présenter les membres de la famille, humains et congénères. Lorsque le refuge dispose d’une chatterie, vous pourrez également, en passant devant tester ses réactions à la vue d’un chat.

5) Vérifier qu’il soit en parfaite santé

Malgré les soins apportés, il est possible que le chien ait attrapé une maladie fréquente en collectivité (toux du chenil, teigne), ce qui est aussi le cas dans les chiens d’élevage.

Pour conclure…

Depuis 2015, l’année de naissance de Heidie, l’animal de compagnie n’est plus considéré aux yeux de la loi comme un bien meuble.

Le chien a des besoins, tout d’abord physiologiques (manger, boire, dormir), mais également des besoins de sécurité, de relations sociales, d’estime et d’activités variées et adaptées à son âge (mastication, vocalise, dépense physique et mentale). Avant toute adoption, il est préférable de s’assurer que l’on sera en mesure de répondre à l’ensemble de ces besoins avant de craquer sur une petite boule de poils.

Pour en savoir plus…

Voici les autres publications que vous pourrez retrouver sur mon site www.animozen.fr :

  • Les étapes du développement comportemental du chiot
  • Ce qu’il convient de faire pendant les différentes périodes sensibles du développement d’un chiot
  • L’adoption d’un chien dans un élevage ?
  • Le mythe du chien dominant